Aymeric Seassau

La visite hautement médiatique du candidat Hollande à Saint-Nazaire aura à nouveau témoigné de son potentiel économique industriel et du savoir faire des salariés du bassin d’emploi.

Mais en visite à STX, le candidat PS a visiblement rencontré quelques problèmes de chiffres en affirmant que le nombre d’emplois aux chantiers est passé de 12 000 à 4600 en 10 ans. Malheureusement la situation est bien plus grave puisqu’on ne compte aujourd’hui plus qu’environ 2300 emplois statutaires à STX après le plan de départ volontaire clôturé il y a quelques mois. Une masse critique qui mettrait en péril la capacité de production même du chantier si elle venait à diminuer à nouveau.

D’où l’importante mobilisation la semaine dernière d’un millier de salariés de STX et des entreprises sous traitantes pour défendre l’emploi et les salaires dans la navale. A n’en pas douter,  les syndicats rencontrés dans l’après midi par le candidat PS auront rétabli la réalité des chiffres.

Mais il y a pire Franck Louvrier,  le discret conseiller régional des Pays de la Loire mais bruyant conseiller en communication de Nicolas Sarkozy s’est fendu d’un billet affirmant qu’Hollande était en réalité venu en Loire-Atlantique « pour remercier Nicolas Sarkozy/../ au pied d’un paquebot en construction obtenu grâce à l’effort du gouvernement »

Il y a quelque chose de cynique dans le propos pour qui se rappelle que le paquebot en question avait été vendue à la compagnie lybienne GNMTC à l’occasion de la visite en 2007 de l’ami d’alors, Mouammar Kadhafi. Compagnie qui avait vu ses fonds séquestrés avec les autres avoirs lybiens, situation qui a conduit à ce qu’aujourd’hui encore, le paquebot n’a pas d’acheteur même si  MSC semble plus qu'interressée par la commande. A quel prix ?

Plus fort encore, Louvrier dénonce « le fidèle héritier des années « Jospin » et de la désastreuse doctrine avouant que « l’Etat ne peut pas tout »? »

Faut il rappeler à Franck Louvrier la situation à STX où le plan de charge actuel fait peser de lourdes craintes sur l’emploi faute de commandes de navires même avec l’apport de l’éolien offshore.

Après le rachat des chantiers par Aker puis par STX, l’Etat est revenu au capital après des années de lutte des salariés et de nombreux élus locaux parmi lesquels les élus communistes. Reste que le sous investissement continue de peser et que la crise a révélé à nouveau le danger de la stratégie du tout paquebot.

Oui, il faut davantage d’investissements et une participation plus forte de l’Etat dans le capital. Jusqu’à devenir majoritaire ? pourquoi pas !

Au-delà, il y a besoin d’urgence d’une politique industrielle pour la France, axée sur les filières stratégiques, favorisant les investissements productifs en permettant l’accès au crédit aux entreprises sur des critères clairs : emploi, recherche & innovation, enjeux environnementaux.

Dans les propositions avancées hier pour l’industrie, qui méritent une analyse complète, le candidat du PS avance l’idée d’une banque publique d’investissement. A croire que l’idée d’un pole public bancaire fait son chemin à gauche. Mais attention, une OSEO renforcé ne saurait suffire à la grave crise traversé par le secteur industriel : 2000 emplois de métallurgistes supprimés en 2 ans dans la seule région Pays de la Loire soit 10% de l'effectif.

Nous le pensons, seul un pole public bancaire fort permettra de désintoxiquer l’industrie de la finance pour développer et relocaliser l’emploi industriel. C'est ce débat que porteront les candidats communistes et du Front de Gauche à l'élection présidentielle comme aux élections législatives.