Budget prévisionnel 2011 : A propos de l’investissement public

Publié le par Aymeric Seassau

Conseil Régional des Pays de la Loire

Jeudi 27 janvier 2011

Intervention de Aymeric SEASSAU

Groupe Communiste

 

M. SEASSAU - Voilà une session qui s’ouvre depuis ce matin sous le signe de l’idéologie. J’étais plus interpellé par les propos de Christophe BÉCHU sur la question de la réalité des territoires. Puisque nous parlons de crise de la réalité de nos territoires, je vais prendre trois exemples ancrés sur notre territoire qui, vous le verrez, nous permettront d’aborder peut-être la question de l’idéologie ou du pragmatisme.

 

Le premier exemple concerne Airbus, avec une direction qui vient d’annoncer que, par rapport aux aides accordées par le concurrent Boeing par le gouvernement américain, il y avait 45 Mds$ de manque à gagner entre 2000 et 2005 pour Airbus. Nous voyons bien les besoins d’investissement. Où est l’idéologie, où est le pragmatisme là-dedans ? Je laisse à chacun le soin de faire ses conclusions.

 

Le deuxième exemple concerne le port autonome – le Grand port maritime désormais – de Nantes-Saint-Nazaire. Les grandes nations portuaires européennes font des investissements conséquents à Hambourg à Anvers. Nous avons en face de cela un gouvernement qui a essayé de vendre les ports à la découpe. Nous avons aujourd’hui une lutte très importante des salariés du port contre un gouvernement qui vient de revenir sur les accords signés concernant la pénibilité et le droit d’accès à la retraite, tant et si bien qu’il existe là un choix idéologique de revenir sur une parole donnée et que le pragmatisme des chefs d’entreprise liés au port les amène à demander au gouvernement de bien vouloir accéder à l’accord qui avait été signé sur la pénibilité.

 

Le dernier exemple concerne les chantiers navals et ce que nous connaissons des écarts de compétitivité entre notre chantier à Saint-Nazaire, le dernier de France, et les chantiers asiatiques. Contrairement à ce que nous pouvons imaginer, ce qui permet de sortir en Asie des bateaux à moindre coût ne porte pas forcément sur les écarts de salaire mais bien sur les grandes infrastructures, sur les investissements, sur la taille des chantiers, sur ce qui existe tout autour de ces chantiers asiatiques.

 

Vous voyez, au travers de ces exemples concernant plusieurs pays (États-Unis, Belgique, Allemagne, pays asiatique), que nous ne pouvons pas imaginer être de dangereux collectivistes inspirés pas l’idéologie marxiste. En tout cas, des investissements d’État sont nécessaires pour soutenir nos fleurons industriels qui, derrière eux, entraînent la manne économique qui permet de donner du travail à nos sous-traitants.

 

Au regard de cela, l’action régionale, avec 160 M€ de budget pour l’action économique, fait figure de petit poucet par rapport aux besoins économiques considérables dont devraient pouvoir bénéficier les entreprises de notre région. Mais nous remarquons également que les petits cailloux semés se transforment en briques pour bâtir l’économie à venir.

 

Un certain nombre d’exemples ont été donnés. Christophe CLERGEAU parlait des effets de levier. Mais entre 2009 et 2010, nous comptons 4 M€ d’investissement régional pour 43 M€ de prêts d’honneur pour la création ou la reprise d’entreprises. Cela est identique pour le fonds de garantie Oséo, qui soutient 400 projets pour 100 M€ garantis par prêt.

 

Yannick VAUGRENARD et plusieurs intervenants l’ont fait remarquer. Mais les prêts régionaux de redéploiement industriel concernent 72 entreprises aidées et près de 5 600 salariés.

 

Il s’agit aujourd’hui, non pas d’observer le bilan de nos mesures anticrise. En tout cas, nous pouvons regretter les effets d’annonce qui consistent à annoncer tous les mois, au gré de la conjoncture, que nous sommes dans la sortie de crise. Les investissements sont nécessaires. Nous remarquons que les plans de charge, dans plusieurs secteurs de l’industrie, reprennent. Le fait que les carnets de commandes se remplissent est évidemment une bonne nouvelle. Je ne prendrai qu’un seul exemple : sur le bassin d’emploi de Saint-Nazaire, entre Faurecia, STX et Bobcat, plusieurs centaines d’emplois (près de 600) ont été supprimés. Est-ce que la reprise créera des emplois stables et statutaires, en n’allant pas au profit ? C’est cela qui doit nous mobiliser.

 

Il est en tout cas urgent de transformer nos dispositifs régionaux. Nous avons beaucoup parlé des dispositifs défensifs et offensifs. Il est nécessaire d’accompagner ce qui peut être innovant. Voici ce que nous entendons dans les premiers ateliers du Schéma régional sur l’économie et l’emploi durable : comment faire pour financer le rebond ou pour financer la sortie de crise ? Comment transformer ce plan anticrise en plan de sortie de crise ? Je crois qu’il existe des dispositions, notamment sur les P2RI et leur évolution et sur l’accès aux TPE et PME, qui sont dans cette direction. C’est en tout cas ce qu’attendent de nous le monde de l’économie et le monde du travail.

 

Puisque Laurent GÉRAULT citait tout à l’heure M. MAUROY, nous allons nous permettre un petit droit d’inventaire sur la vieille union de la gauche. En tout cas, vous pouvez garder l’austérité, nous nous occupons de l’espoir.

 

(Applaudissements d’élus de la majorité).

 

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Q
s'applaudir ne sort pas de la crise
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A
<br /> <br /> Certes...<br /> <br /> <br /> ... Mais faire partager des idées, ça peut aider.<br /> <br /> <br /> <br />